Monsieur l’abbé Christian
Laffargue publie à l’intention de sa « paroisse invisible » un
bulletin hebdomadaire que nous attendons tous comme un viatique tous les vendredi
dans nos boites à lettre … Bulletin qui est mis en ligne toutes les semaines sur
son blog : Blog de l'abbé C. Laffargue - Site spirituel.
A l’occasion de la fête des
Rameaux, l’abbé Laffargue m’a demandé de lui faire un mini reportage sur les
Rameaux au temps du confinement au Liban. Voici donc ce texte que j’ai la joie
de partager avec vous.
Liban : Les Rameaux du confinement
La célébration de la fête des Rameaux est, dans tout
l’Orient Chrétien la plus grande des fêtes du calendrier liturgique avec le
Vendredi-Saint. Certains curés, tant en Orient que dans la diaspora, se découvrent
de nouveaux paroissiens le dimanche des Rameaux.
Fête populaire, fête festive, les Rameaux sont d’abord la
fête des enfants qui étrennent souvent de nouveaux habits, des souliers neufs –
que d’ampoules aux pieds au bout de la longue procession !!! Une fête et
une foule que ne pourra jamais comprendre celui qui ne retrouve pas son âme
d’enfant. On se marche sur les pieds, on se bouscule, on tient haut son cierge
garni de rameaux d’oliviers et parfois même de bonbons… Dans chacun de nos
albums de famille, on retrouve les photos des Rameaux : cierge à la main.
Ce cierge est évidemment un sacramental mais la tradition des Eglises
Byzantines veut qu’on le porte aussi lors de la procession du Vendredi-Saint
lors des funérailles du Christ au bout desquelles claquera le premier Alléluia
pascal qui déroute plus d’un Occidental… mais c’est déjà Pâques dans les
limbes…
Cette longue introduction est juste là pour vous donner la
mesure du sacrifice fait en ce temps de confinement. Sacrifice qui a poussé
plus d’un curé de paroisse à trouver LA solution pour apporter à ses
paroissiens d’abord la bénédiction de ce jour de fête puis le cierge et le
rameau d’olivier.
Les messes de chaque paroisse - ou presque - ont été
diffusées en direct sur les réseaux sociaux. Cela déjà est une prouesse quand
on connaît la lenteur de la bande passante au Liban et ses bégaiements
préhistoriques.
Certains curés ont simplement pris leur voiture chargée de
cierges et de rameaux et ont fait le tour de leur paroisse pour les distribuer.
D’autres ont carrément trouvé des voitures de procession, type camionnette ou
autre. Les voitures étaient abondamment décorées de palmes et de branches
d’olivier. Le curé, debout avec son seau d’eau bénite, aspergeait ses
paroissiens à leurs balcons ou au pied de leurs immeubles, la sono diffusant à
tue-tête les cantiques et antiennes du jour. L’archevêque grec-catholique de
Beyrouth, dont la messe était diffusée en directe à la télévision, a demandé à
ses fidèles de se munir d’un cierge qu’il a « virtuellement » béni.
Et puis il y a ceux qui ont été encore plus loin dans la
créativité pour faire du jour des Rameaux un jour de fête malgré le
confinement, malgré le couvre-feu de 19 à 5h du matin, malgré la circulation
alternée la semaine et totalement interdite le dimanche. Le curé de la paroisse
Saint-Sauveur de Beyrouth a décidé de décorer son église comme pour un dimanche
des Rameaux « normal ». A la place des paroissiens il a posé sur les
bancs autant de lumignons allumés que le nombre de personnes normalement
assises sur ces bancs. Sa messe était une grande messe chantée diffusée sur le
site de la paroisse. A la fin de la messe il a enfourché son vélo qui traînait
une petite cariole pleine de cierges décorés d’un brin d’olivier. Et c’est
comme cela qu’il a fait le tour de sa paroisse bénissant ses paroissiens qui
l’attendaient au balcon, pour les handicapés et les plus âgés, ou dans l’entrée
des immeubles pour les autres.
Affirmant la résurrection
universelle,
avant ta Passion, ô Christ
Dieu,
Tu réveilles Lazare des
morts.
Et nous, comme des
adolescents
portant l’insigne de la
victoire,
nous t’acclamons, ô Vainqueur
de la mort :
« Hosanna dans les lieux
très hauts !
Béni, Celui qui vient au Nom
du Seigneur ! »
Tropaire du Dimanche des
Rameaux
Liturgie grecque-melkite
catholique
Nevine Toutounji-Hage Chahine
Beyrouth, le 5 avril 2020
Dimanche des Rameaux